Le jardin des brumes du soir

Penang, Malaisie. La juge Teoh Yun Ling revient pour la deuxième fois à Yugiri pour y prendre sa retraite et y écrire ses mémoires, avant l’oubli et la maladie. Elle retrouve les ombres du passé, le vieux serviteur chinois et son ami Frederick, de la plantation de thé voisine. Les souvenirs de son premier séjour affluent. À dix-neuf ans, elle a été internée avec sa soeur dans un camp japonais, pendant l’occupation. Seule survivante, quelques années plus tard elle est venue à Yugiri pour y rencontrer Arimoto, ancien jardinier de l’empereur du Japon, afin qu’il dessine un jardin à la mémoire de sa soeur. Tan Twan Eng, traduit pour la première fois en français, est un Malais résidant en Afrique du Sud. De la Malaisie qu’on connaît mal, il livre, à travers deux personnages que tout sépare, la forte quête identitaire, entre domination néerlandaise, occupation japonaise, intervention britannique et maquis communiste. La recherche du pardon et du repos des âmes torturées alterne entre retours en arrière et crainte pour l’héroïne d’oublier l’essentiel de ce qu’elle veut transmettre. Écrit d’une plume poétique, sans acrimonie, dans un cadre historique puissant, ce livre dense, abordant de nombreux thèmes, se dévore malgré quelques longueurs. (E.A. et B.Bo.)