Héritière d’un père qui s’est enrichi en composant avec les Nordistes, Madame a épousé Amos, issu d’une bonne famille, par honte de ses origines. Métis lui aussi, complexé, celui-ci a fait payer à sa femme l’aisance dont il jouit. Ils se sont séparés sans divorcer. Leurs enfants, Dio et Tiki, ont émigré au Nord. Dio revient aujourd’hui sur le continent subsaharien avec Ixora, la femme de son ami décédé, dont il a adopté le fils ; drôle de couple que ne rapprochent que leurs solitudes. Ixora ne plaît pas à Madame, elle n’a pas d’ascendance, comme la fiancée précédente. Une situation explosive… D’origine camerounaise, Léonora Miano (La saison de l’ombre, NB, octobre 2013) imagine la confession de quatre femmes lucides qui s’adressent toutes successivement à Dio en fuite. Elles fouillent le passé pour analyser leur mal-être. Madame, maltraitée, refoulée, s’est durcie pour assurer à ses enfants la respectabilité. Les femmes du fils traumatisé et incapable d’aimer et la fille soumise mais aussi marquée cherchent une voie plus épanouissante. Sous la plume magistrale de l’auteur se dévoilent progressivement les clivages africains, legs de l’esclavage et du colonialisme, et les tourments de femmes déchirées entre leurs aspirations et la pesanteur sociale. (L.G. et C.R.P.)
Melancholy (Crépuscule du tourment ; 1)
MIANO Léonora