IndĂ©niablement les temps changent. Au menu, donc : indignation et nostalgie. La reproduction de lâespĂšce humaine est un acte Ă©goĂŻste, « lâardeur aveugle dans lâaccouplement » la preuve dâune sociĂ©tĂ© affaiblie et les futurs parents des ĂȘtres immoraux. Lâanglophonie rĂšgne en maĂźtre dans le monde. Des hyperconnectĂ©s fondent une communautĂ© prĂ©historique. Le monde rural est en voie dâextinction, sacrifiĂ© aux normes europĂ©ennes et Ă la mondialisation. Compensons la dĂ©mission de lâEtat et la « disparition dâun monde familier » par « une liste de petits plaisirs » et par une sage colĂšre ! Etc.  La musique et les proches de Benoit Duteurtre accompagnent cette complainte mĂ©lancolique : Victor, son ami asthmatique quâil voudrait voir enterrĂ© prĂšs de lui avec « la quantitĂ© nĂ©cessaire de Ventoline », sa mĂšre atteinte dâAlzheimer, ainsi quâun personnage fictif et caricatural, la cĂ©lĂšbre grand reporter Daisy Bruno. MĂȘlant anecdotes familiales, ressenti personnel et fictions, ce roman fait de bric et de broc nâest pas inintĂ©ressant. Mais cet auteur prolifique nâa pas son pareil pour sa complaisance dans le spleen. AprĂšs La nostalgie des buffets de gare (NB septembre 2015), ses rĂ©flexions, courtes, souvent convenues, enfoncent, certes avec talent, des portes ouvertes.  (D.D. et N.C.D.)Â
Livre pour adultes
DUTEURTRE BenoĂźt