Les inondations submergent l’île ; il faut partir, tout laisser derrière soi et même Ipa, le grand-père qui ne supporterait pas l’exil. À sa petit fille, il lègue une pierre de l’île à poser sur sa nouvelle maison, un oiseau à libérer au terme du voyage, qui viendra le rassurer, et des lettres dans une pochette étanche, à lire en chemin. Nani, 10 ans, part avec sa famille. Un orphelin, adopté en chemin, partage son destin. Kochka, née au Liban, a connu l’exil et écrit un récit émouvant entrecoupé des lettres du grand-père imprimées sur beau papier turquoise. La décision difficile, la douleur de l‘arrachement, les épreuves du voyage, l’arrivée sur le continent ; tout est évoqué sans pathos. Mais ce sont surtout les lettres du grand-père, lues au cours de l’exil, qui adoucissent le drame, soutiennent la fillette et son frère de coeur. Poétiques et tendres, elles sont des leçons de vie inspirées de traditions polynésiennes qui incitent à se dépasser, à croire en l’avenir. Les illustrations en turquoise et orange, belles et paisibles, ont une vraie force d’évocation. Si l’expérience racontée est moins effrayante que la réalité des migrants retransmise par les médias actuellement, elle offre un beau livre sur l’exil. (A.-M.R. et E.-E.H.)
Frères d’exil
KOCHKA