En 1918, à Reykjavik, Màni Steinn, un adolescent, se prostitue pour quelques pièces aux bourgeois de la ville ou aux marins de passage. Pourtant, une jeune fille au foulard rouge lui fait battre le coeur. Car Mani a une passion pour le cinéma où il dépense tout son argent, et Sala Guđb est le sosie de son actrice préférée. Survient l’épidémie de grippe espagnole qui décime la ville et les cinémas sont fermés. Mais la vie de l’adolescent est intimement liée au septième art qui alimente ses fantasmes et scellera son destin. Dans ce roman souvent déroutant, présenté comme un journal, Sjón (De tes yeux, tu me vis : histoire d’amour, NB avril 2011), sur fond d’événements historiques comme l’épidémie de grippe espagnole ou la proclamation du Nouvel État Autonome d’Islande, peint à grands traits une société qui peine à s’extraire de ses préjugés. À ce » garçon qui jamais n’exista », oscillant entre une vie fantasmée par la fréquentation des films et son implication dans une réalité brutale, l’auteur parvient à donner une incontestable épaisseur. La conduite du récit est résolument originale et l’écriture fragmentée, à l’image de ce cinéma avant-gardiste évoqué à la fin de l’ouvrage. (M.M. et A.-M.D.)
Le garçon qui n’existait pas
SJÓN