Trieste, 31 décembre 1999. Depuis quatre ans, Elio, frappé d’amnésie totale, est soigné par l’étrange professeur Zembalone qui l’encourage à s’inventer des souvenirs pour en faire un roman. Comme chaque jour il retrouve dans un café un autre patient de son psychiatre et un cénacle d’admirateurs persuadés que leurs tournois du jeu de « scopa » influencent les destinées terrestres. Mais Elio cache à tous que la mémoire lui est revenue récemment et qu’il prépare en cette veille du troisième millénaire une terrible redistribution des cartes.
Victor Cohen Hadria (Les trois saisons de la rage, NB octobre 2010) anime avec entrain un théâtre de personnages drolatiques, dont le narrateur, sorte de conscience mystérieuse du héros. Lorsque ce dernier retrouve ses esprits vers le milieu du livre, on commence à entrevoir où l’auteur veut en venir. Tout en virevoltant de Trieste à Tunis, puis à Paris, Genève et San Francisco, il mêle avec virtuosité différents thèmes : névroses, superstition et secrets occultes, escroquerie financière et toute-puissance numérique, souvenirs d’enfance. La construction complexe, d’apparence rigoureuse, n’évite pourtant pas de nombreux pas de côté érudits ou techniques qui nuisent à la clarté. Et le registre parfois fantaisiste rend l’intrigue moins crédible. (T.R. et A.Le.)