FrĂ©dĂ©ric Mitterrand ne regrette pas dâignorer le gaĂ«lique ou les beautĂ©s de Zanzibar. Non. Ses regrets, ses remords sont liĂ©s Ă ceux quâil a blessĂ©s ou nĂ©gligĂ©s, par lĂąchetĂ©, dit-il, procrastination ou lĂ©gĂšreté⊠Voici la cohorte des malades et mourants quâil nâa pas visitĂ©s. Celle des suicidaires, suicidĂ©s et droguĂ©s quâil nâa pas assistĂ©s. Celle, fournie, des jeunes garçons – vifs et gracieux – ou des femmes mĂ©ritantes auxquels, il a fait des promesses non tenues. Celle, moins dense, de ses amoureuses quâil a traĂźtreusement encouragĂ©es. Plus quelques animaux et deux peluches.
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Ces regrets sâĂ©chelonnent sur toute une vie. Ces hommes, ces femmes, connus ou inconnus, sont regroupĂ©s autour de lâenfance, de la famille, de lâĂ©cole ; des annĂ©es cinĂ©ma (FrĂ©dĂ©ric Mitterrand a gĂ©rĂ© longtemps une salle) ; de lieux  â Afrique du Nord, Russie, pays de lâEst, Asie du Sud-Est ,etc. â ; de son passage au ministĂšre de la Culture. Les remords sont rĂ©pĂ©titifs, dĂ©taillĂ©s avec un brin de complaisance ; le couteau remue dans la plaie. Lâauteur (Une adolescence, NB juin 2015) est sensible, dĂ©licat, gĂ©nĂ©reux, angoissĂ©, sa vie est peu banale, il a frĂ©quentĂ© les milieux les plus divers, il Ă©crit avec Ă©lĂ©gance. On sâĂ©meut, on compatit, on sâennuie quand mĂȘme un peu.