Johnsey, vingt-quatre ans, vient de perdre ses parents, exploitants d’une ferme. Il est considéré comme demeuré par les autres garçons du village. Un jour il est tabassé et se retrouve à l’hôpital où il fait la connaissance d’une belle infirmière, Sebhian, et revoit Dave son ancien camarade de jeunesse. Rétabli, il est sollicité par tous ses voisins, curieusement avides de lui acheter ses terres.
Ce deuxième roman de Donal Ryan, publié à Dublin en 2013, est remarquable, autant par l’intrigue que par l’atmosphère : on plonge dans l’Irlande rurale, sombre et humide, avec ses demi-teintes et ses odeurs. Les personnages sont hauts en couleur, du chef de bande retors au héros lui-même, lucide mais prisonnier de ses complexes, sans oublier le père et la mère, décédés mais omniprésents. La solitude et le mensonge sont finement analysés. Le style vif – tout est raconté en brèves séquences, souvenirs et réalités sans cesse croisés – et le vocabulaire – jeux de mots jamais lassants – ajoutent à l’attrait du récit, drôle et poignant. L’intérêt ne retombe jamais. (L.D. et L.G.)