Dans les années quatre-vingts, un jeune homme, ex-étudiant à Nanterre, partage sa vie entre une agence d’intérim qui lui fournit quelques petits boulots et un café du côté de la porte de Clignancourt. Il sympathise avec un Égyptien sans papiers et un ingénieur, physicien en énergie atomique, alcoolique, qui l’entraîne dans des soirées chez son amie Mathilde. Il y découvre une bande d’amis un peu drogués, un peu léthargiques et observe avec une certaine gaucherie ce monde très différent du sien. Il ne se trouve jamais à sa place, son seul cocon étant la gare Saint-Lazare où il passe des heures entières. S’inspirant sans doute de sa propre vie passée entre famille d’accueil dans les Alpes et à Asnières, Dominique Fabre baigne son personnage un peu loser dans une mélancolie morose (Photos volées, NB novembre 2014). L’observation d’une société bourgeoise, qui aurait pu être piquante, n’arrive pas à faire décoller le récit. La vie au jour le jour, monotone, décrite à coup de phrases courtes, répétitives, dans un style détaché, relève moins de la désespérance que de la banalité et peine à convaincre. (E.Ca. et M.Bi.)
Les soirées chez Mathilde : ceux qui partent ont toujours raison
FABRE Dominique