Dimitri est russe. ExilĂ© Ă Paris depuis longtemps, il vit de petits boulots, dâexpĂ©dients, et dĂ©mĂ©nage souvent au grĂ© des rencontres et de ses finances prĂ©caires. Il Ă©crit un article sur Soutine mais ne trouve pas dâĂ©diteur. Son univers est habitĂ© de marginaux quâil croise mais ne trouve pas : un samouraĂŻ, une Japonaise un peu cinglĂ©e et son ami cow-boy, des personnes ĂągĂ©es ou handicapĂ©es dont il sâoccupe, une jeune femme dont il tombe Ă©perdument amoureux⊠mais surtout de tous ceux quâil a laissĂ©s en Russie, fantĂŽmes de son passĂ©.  Dans ce rĂ©cit picaresque et puissant, Dimitri Bortnikov(Le Syndrome de Fritz, NB janvier 2011), en funambule des mots, se tient en permanence au bord de lâabĂźme⊠Face au Styx. Ăvocation hallucinĂ©e de son enfance et de sa jeunesse russe, roman pour une grande part autobiographique, câest par son Ă©criture ahurissante quâil nous tient en haleine malgrĂ© la longueur excessive du rĂ©cit. « ExcĂšs » est le mot qui caractĂ©rise lâimpression laissĂ©e par sa prose, mĂ©lange contemporain de TolstoĂŻ et de CĂ©line. Il faut prendre son temps pour lire cette impressionnante mĂ©taphore du mĂ©tier dâĂ©crivain, sur la crĂȘte entre dicible et indicible, et accepter cette Ă©criture hors norme. (M.O. et B.Bo.)
Face au Styx
BORTNIKOV Dimitri