Une fillette de six ans arrive dans une ville d’Europe : elle ne parle pas la langue du pays et son « oncle », qui l’abandonne là, lui a ordonné de se taire. Elle doit juste hurler si elle entend le mot « police ». Rapidement recueillie dans un foyer, elle y rencontre un garçon de quatorze ans qui la comprend. La même nuit, celui-ci l’entraîne, avec un gamin d’une dizaine d’années, dans sa longue cavale vers une maison qu’il connaît, une résidence secondaire où les frigos et les placards seraient pleins…
Michael Köhlmeier (Deux messieurs sur la plage, NB novembre 2015) reprend le thème, fréquent dans la littérature, des enfants seuls et errants. La fillette a-t-elle été abandonnée volontairement, pour être adoptée dans un pays supposé accueillant ? Plausible, mais l’auteur décortique et analyse surtout le comportement et les pensées des enfants livrés à eux-mêmes. Échapper au monde des adultes, leurs ennemis, est pour eux une priorité absolue. L’absence de repères géographiques et de langue commune universalise le propos et interroge moralement. Écriture simple, directe et efficace. Un récit qu’on n’oublie pas, en raison aussi de ses énigmes. (E.L. et M.-C.A.)