La Masnà

À partir de 1935 et pendant une soixantaine d’années, trois destins de  piémontaises se succèdent. Emma, l’ancêtre, tôt mariée à un savetier boiteux, exploitée, bafouée maintient la maison familiale dans une campagne arriérée. Luciana, sa fille, spoliée par son frère, travaille pour un mari restaurateur indifférent et lâche. Leur fille Anna, universitaire, enfin indépendante fait le lien avec le passé, réhabilite les Masnà, ces petites sans existence si indispensables et si fortes. D’incessants retours en arrière précisent les caractères, les bassesses, les désirs frustes des hommes de cette saga familiale, mais aussi la fatale soumission de femmes sans idée de bonheur, leurs fugaces petits plaisirs et leurs secrets, leur mutisme et leur grandeur. L’écriture puissante, souvent déroutante, de l’auteur entremêle description des paysages et psychologie d’héroïnes attachantes. On se perd parfois dans les détails de leur vie quotidienne – tandis que les mentalités évoluent après une guerre aux cassures encore vivantes. Les tragédies de l’histoire vont bouleverser les moeurs des habitants et ce récit rude  où la sensibilité peine à transparaître,  est un hommage à ses femmes-courage. (A.C. et A.-C.C.-M.)