Le songe d’Anton Sorrus

KEBABDJIAN Aram

Anton ne dort pas. Il se lĂšve, circule, Ă©tudie les signes dans les zĂ©brures du mur, voit bouger les portes de l’armoire et combat le monstre qui en sort. Il erre dans la maison, imagine partout des esprits menaçants. Il est obsĂ©dĂ© par un bruit non identifiĂ© qui enfle et le rend fou. Un casque sur les oreilles, il Ă©coute l’alphabet d’une langue nouvelle. Il revit des cauchemars sulfureux et se sent tour Ă  tour gĂ©nial ou misĂ©rable.    L’auteur (Les dĂ©soeuvrĂ©s, NB octobre 2015), docteur en histoire de la philosophie et photographe, utilise, avec un certain brio, la figure littĂ©raire du songe, pour rendre compte de l’expĂ©rience inconfortable d’une nuit sans sommeil. Il juxtapose les images et les pensĂ©es qui traversent l’esprit du hĂ©ros. Dans ce rĂ©cit – Ă  mi-chemin entre le rĂȘve et l’introspection – les phrases, dont quelques-unes sont brillantes, s’enchaĂźnent Ă  un rythme fiĂ©vreux, parfois Ă  la limite de l’incohĂ©rence. HappĂ© par ce tourbillon de divagations, le lecteur oscille entre fascination et lassitude. Une tentative qui peut dĂ©router mais reste louable. (M.F. et A.-M.D.)