Début du XIXe siècle à l’ouest de Berlin, L’île aux paons, propriété du roi de Prusse. Marie, « demoiselle du château » , naine, y vit avec son frère dans une proximité extrême. Au fil des années, la famille royale aménage ce lieu de promenade, y implantant espèces rares et animaux exotiques. Marie tombe amoureuse de Gustav ; un enfant naît de leur union, enlevé par son père. L’île est peu à peu abandonnée ; à la fin de ses jours, Marie s’y retrouve presque seule. Thomas Hettche, auteur allemand (De quoi nous sommes faits, NB décembre 2009), écrit un roman proche du conte dans le regard naïf, ébloui, puis désolé de l’héroïne hors norme. Par un jeu de miroirs, la beauté s’oppose à la monstruosité et aux malformations des corps ; la lumière contraste avec les ombres, le rêve avec la réalité ; le présent se heurte au passé, la modernité aux traditions. La beauté animale et florale l’emporte sur le genre humain, englué dans ses instincts et son inconstance. Dans l’esprit des romans européens anciens, les paysages occupent une grande place dans de longues descriptions botaniques, ainsi que zoologiques. Malgré quelque lenteur, l’atmosphère étonnante dispense son charme. (L.D. et A.Le.)
L’île aux paons
HETTCHE Thomas