À cause de la vie

Deux personnalités atypiques de la littérature s’unissent dans une histoire aux couleurs des années 80. Nathalie – surnommée Sucre de pastèque – , et Eugène, un garçon de 11-12 ans , vivent dans le même immeuble. Chacun dans ses rêves : pour la fille le prince charmant, le garçon les dinosaures. Le choc de leur rencontre prend des allures d’amour courtois quand le « chevalier » Eugène doit passer de multiples épreuves pour montrer sa vaillance à sa belle : ne pas ouvrir les yeux avant 8h30, ne pas parler jusqu’au lendemain, inverser les chiffres des appartements dans l’immeuble, dormir pendu par les pieds. Un défi qui ne sera pas sans conséquences sur le cours de leur vie.  Sous la plume vibrionnante et méticuleuse de Véronique Ovaldé, les fulgurances d’écriture et l’accumulation de détails jalonnent les descriptions acidulées des rapports entre les deux préados, entre mère et fille aussi, une mère seule, à la fois présente et vaguement étrangère au monde autour d’elle. Les gens ordinaires prennent eux aussi un relief étonnant sous la transcendance subtile du quotidien. Chiffonnées, tremblantes, les images de Sfar jouent avec le temps et l’espace de l’immeuble, commentent pas à pas le récit dans une sorte d’objet littéraire subtil, ni roman, ni BD, ni roman graphique… Atypique. Un récit illustré destiné aux adultes et à ceux qui ont eu le temps de devenir nostalgique de leur jeunesse et de leur premier amour perdu. À cause de la vie… (M.T.)