Frères migrants

Sensibilisé à la détresse des migrants par des bénévoles qui oeuvrent à les réconforter, Patrick Chamoiseau (Hypérion victimaire : Martiniquais victimaire, NB mai 2013) clame sa colère et son indignation. Il dénonce la manière dont la France, particulièrement, traite ceux qui prennent des risques considérables pour fuir l’oppression, la misère et la mort. Il y voit une régression de l’Homo sapiens et une montée de la barbarie. Reprenant un néologisme créé par l’essayiste Édouard Glissant (1928-2011), martiniquais et poète comme lui, il veut promouvoir la « mondialité », fait social facilité notamment par le progrès des communications, et qui est la reconnaissance éclairée des cultures différentes et la conscience d’appartenir à un même univers solidaire. La mondialité, précise Patrick Chamoiseau, est antinomique de la mondialisation capitaliste, déshumanisante et uniformisante, qu’il combat par ailleurs en militant de l’extrême-gauche. Le ton de cet essai est vif, passionné, parfois véhément, avec une touche de volubilité créole. À lire sans parti pris. (P.S. et M.-A.B.)