Dans le district de Tanjore, état de Tamil Nadu, en Inde, à la fin du XXe siècle, les grands propriétaires des rizières, s’appuyant sur un système esclavagiste, exploitent les ouvriers majoritairement intouchables, accumulant châtiments corporels, retenues salariales, persécutions. Emprisonnant ou affamant les récalcitrants, ils bénéficient de la protection des politiques, des policiers….En 1968, l’assassinat d’un leader communiste populaire déclenche blocages, révoltes, grèves. L’association des possédants fait dévaster, puis brûler le village où a lieu le meurtre, causant la mort de quarante-quatre innocents. Meena Kandasamy, poétesse indienne, veut, dans ce premier roman , placé sous le signe de la féroce déesse gitane Kurathi Amman, révéler ces atrocités en cassant les codes de la narration. En même temps qu’elle fait parler les différents protagonistes, elle s’interroge, de façon souvent très cocasse, sur les formes qu’elle doit donner à son oeuvre , prenant directement le lecteur à témoin. Le récit lyrique, poignant et révoltant peut dérouter, frustrer ou agacer, multipliant les points de vue, les personnages et citations d’auteurs marxistes. Mais l’auteur, revendiquant l’appartenance à un pays non anglophone et le droit de faire entendre « le son de sa terre natale » montre un talent d’évocation puissant dans cet ouvrage difficile mais intéressant. (S.La et A.Be)
La colère de Kurathi Amman
KANDASAMY Mena