Jeanne Santoire est Ă la retraite. Elle est propriĂ©taire dâun petit appartement Ă Paris dans le XIIe. Sans compagnon, sans enfant, les journĂ©es sont longues. Sa grande distraction est dâaller au Franprix du 95 de la rue du Rendez-vous. Ce sont les gens quâelle regarde, pas les produits. DâoĂč vient la caissiĂšre de la « 4 » qui sâappelle Gordana, dont les seins Ă©chappent Ă lâentendement ? Elle imagine⊠Et lâhomme sombre, aux ongles soignĂ©s, qui paie toujours Ă cette « 4 » en mendiant un sourire ? Quand elle apprend son nom, Horatio, elle imagine…   Â
Marie-HĂ©lĂšne Lafon dĂ©laisse le Cantal rural (Joseph, NB septembre 2014) pour dĂ©crire la solitude de petites gens devenus citadins dâemprunt. Elle sâefface derriĂšre le personnage de la femme seule. Pas vraiment seule puisquâelle se dĂ©lecte Ă attribuer des passĂ©s diffĂ©rents aux clients du Franprix et Ă ses voisins. Aucun sous-entendu vachard, plutĂŽt de lâhumour et de la bienveillance. Ce faisant, elle fait intervenir son propre passĂ©, sans concession sur ses Ă©checs ou ses victoires. Toutes ces vies finissent par sâentremĂȘler, le lecteur est un peu perdu. Mais quâimporte, câest un festival de mots faisant onduler et chatoyer des phrases interminables qui donnent un agrĂ©able tournis. (C.-M.T. et P.L.)