Un funambule sur le sable

MARCHAND Gilles

Stradi est nĂ© avec un violon dans le crĂąne, un vrai violon… Une anomalie comme une autre ? La tendre sollicitude de ses parents, la complicitĂ© musicale nouĂ©e avec les oiseaux alentour, ne compensent pas l’effet produit sur ses camarades qui, moins hostiles que circonspects, l’excluent de leurs cercles. Sans parler des traitements douloureux que lui impose le corps mĂ©dical et la proposition rĂ©itĂ©rĂ©e d’une opĂ©ration risquĂ©e. Heureusement, Il y a Max ; il y a LĂ©lie 
   VĂ©ritable funambule, flirtant avec le surrĂ©alisme, Gilles Marchand se promĂšne entre rĂ©alitĂ© et fiction en inventant sans sourciller un handicap hors du commun : un violon ! La fantaisie assumĂ©e jusque dans le dĂ©tail donne de la lĂ©gĂšretĂ© Ă  ce roman d’apprentissage qui analyse avec subtilitĂ© et retenue la souffrance du non alignĂ©, son dĂ©sir farouche de se corriger ou d’accĂ©der Ă  la banalitĂ©. Sans condamnation de ceux qui ne peuvent se faire Ă  sa bizarrerie. Une amitiĂ© sans faille fait contrepoids et quelques personnages, hors normes Ă  leur maniĂšre, brouillent malicieusement les cartes de nos certitudes. Avec une derniĂšre question, celle de l’intĂ©rĂȘt de la guĂ©rison : Stradi, dĂ©barrassĂ© de son violon, n’est-il pas privĂ© de sa voix ? Gilles Marchand n’est pas un donneur de leçon ; il fait sourire, il fait rĂȘver. (C.B et M.D.)