Raphaëlle et Philippe travaillent dans la même société. Insignifiante, gauche, mal fagotée, elle rêve d’une aventure avec ce bel homme sûr de lui qui attire toutes les femmes. Elle ose lui proposer un rendez-vous : il répond que son coeur est déjà pris. Cependant il a envie de mieux la connaître : elle n’est pas si moche et elle a osé l’affronter ! Il l’emmène un soir chez lui : la maison humide sent le moisi, les toilettes sont immondes, et son odeur à lui presque pire. Nuit d’amour ratée, à la hussarde… Pourtant elle s’accroche. Et si les rapports pouvaient s’inverser ? Après un premier livre sur un couple déjà improbable (Déboutonnage, NB juillet-août 2010), Claire Renaud raconte une histoire banale ; un séducteur cynique, vieillissant, plein de mépris pour les femmes, roule dans la farine une jeune idéaliste pleine d’illusions. Mais le titre, un vers de Baudelaire – évidemment une antiphrase – annonce le cruel décalage. Quand un chapitre nous montre ce que vit Raphaëlle, le suivant est vu par Philippe qui démolit vulgairement tout ce que croyait la petite naïve. Procédé littéraire assez jouissif et non dépourvu d’humour. Écrit au scalpel, le portrait réussi d’un macho « puant ». (A.V. et M.-C.A.)
Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères
RENAUD Claire