Une toile large comme le monde

Pénélope et Matteo, June, Oliver et Evan, Birgit, Kuan et son fils, tous, à travers le globe, travaillent pour internet ou l’utilisent pour leurs différents métiers. Désabusés, différemment motivés, ils en imaginent la destruction, grâce aux contacts et renseignements fournis par le web. Simultanément, certains sectionnent les câbles qui véhiculent les informations, un autre s’introduit dans un data center stratégique pour calciner les données, le dernier n’empêche pas la paralysie du transport maritime nécessaire à l’industrie informatique. Une panne spectaculaire plonge ses acteurs dans les mêmes difficultés que le monde entier.  À travers des personnages de fiction, Aude Seigne (Les neiges de Damas, NB mars 2015) éclaire les aspects matériels peu connus d’internet. Son corps physique suppose des kilomètres de câbles, des centres de stockage qu’il faut refroidir et sécuriser, l’extraction et l’acheminement de métaux rares. Ces activités polluent et dévorent l’énergie. Que quelques hackers puissent réaliser des sabotages engendrant un tel séisme est peu plausible, car tout est plus que dupliqué sur le réseau. La narration claire de ce tableau imaginaire d’une société sans internet fait réfléchir sur la place déterminante de la Toile et la fragilité de notre monde qui en est complètement dépendant.  (L.G. et A.Le.)