Albert Mercier a onze ans. Il est fasciné par un tableau : une île sereine, déserte, avec deux grands cyprès… C’est l’île des morts et sa mère Luna l’en détourne d’une voix angoissée. Au lycée, l’enfant est un écrivain en herbe, passionné par ses feuilletons, l’été est là… Mais son oncle vient le chercher à la sortie ; dans les silences, les chuchotements, les non-dits, il comprend alors que sa mère est morte. Souffrance atroce… Un premier roman, écrit il y a soixante-dix ans par Edgar Morin, sociologue (Penser global : l’homme et son univers, NB janvier-février 2016) auquel il a juste ajouté un dernier paragraphe. L’enthousiasme du jeune auteur de feuilleton, pour qui tout est possible, se décompose dans la découverte brutale et sournoise du deuil. Les images, les descriptions, les évocations musicales disent la douleur qui provoque l’incommunicabilité entre père et fils, l’incompréhension des proches, les espoirs au moindre bruit, les désirs de fuite de l’enfant… Les sentiments d’Albert se heurtent aux codes de la vie en société, on le croit fou ou enfant gâté. À partir d’un chagrin vécu, une poignante évocation dans un style sans âge, échevelé et romantique comme la jeunesse. (E.B. et A.Be.)
L’île de Luna
MORIN Edgar