Arrivant de son village, Farid Abou Chaar cherche Ă faire imprimer un manuscrit dans lequel il a mis toute son Ăąme. Déçu par les refus, il accepte lâemploi de correcteur dans lâimprimerie Karam FrĂšres. Il va dĂ©couvrir peu Ă peu la rĂ©alitĂ© des affaires dans une ville ravagĂ©e par la guerre ainsi que les manoeuvres frauduleuses des gĂ©rants de lâimprimerie et de leurs ancĂȘtres. Sa vie en est bouleversĂ©e.  Abandonnant la description des campagnes oĂč il excelle pour celle des villes (Le Quartier amĂ©ricain, NB novembre 2015), Jabbour Douaihy nous fait pĂ©nĂ©trer dans Beyrouth, ville qui ne ressemble Ă aucune autre, pĂ©piniĂšre de beaux talents, paradis de lâargent sale et de la corruption. Par touches successives, il dĂ©crit quantitĂ© de personnages enveloppĂ©s dans des allers-retours temporels qui sâemboĂźtent tout naturellement. Il Ă©blouit par la qualitĂ© de sa prose dans un roman tendre et dĂ©lurĂ©, vrai plaisir littĂ©raire fin et lĂ©ger. Sans paraĂźtre y toucher, il met Ă nu les manigances et les malhonnĂȘtetĂ©s se cachant derriĂšre la façade a priori respectable de lâimprimerie et nous rend, en quelque sorte, complices involontaires mais combien intĂ©ressĂ©s des escroqueries habituelles dans la capitale du Liban. (J.M.)
Le Manuscrit de Beyrouth
DOUAIHY Jabbour