Septembre 1958. Le déluge s’abat sur les Cévennes. Jean Poujol, austère médecin de campagne, part dans la tempête rendre visite à son père âgé qui vit seul sur une île au milieu d’un lac de montagne. Isolés du monde, les deux hommes entament une conversation non dénuée de tension ; ils vont peu à peu interroger un passé ombrageux et révéler quelques secrets de famille. Jean a été engagé pendant des années dans l’armée comme médecin dans les bagnes de Guyane et d’Indochine et en est revenu avec des idées profondément colonialistes. L’opposition des caractères entre le fils plutôt froid et antipathique, face à son père tout en retenue et empathie donne toute sa force à un scénario captivant de bout en bout malgré l’austérité du sujet. L’enchevêtrement d’un pan peu reluisant de l’histoire coloniale avec un drame familial rural est parfaitement maîtrisé. Les dialogues sont taillés à la serpe sans un mot de trop. L’histoire est également servie par un dessin splendide, alternant ombre et lumière au gré des planches superbement mises en couleur. Un album particulièrement réussi. On en redemande. (V.L. et Y.H.)
L’île aux remords
QUELLA-GUYOT Didier, MORICE Sébastien