Cornélia, jeune fille aveugle flanquée d’un corbeau, vit à l’orphelinat avec sa meilleure amie Virginia. Si celle-ci se montre douce et patiente, la première a des pulsions violentes. Dans ce monde clos tenu par des nonnes, la venue régulière de Génius est un événement, d’autant que l’homme est séduisant et beau parleur. Les deux amies ont pris pour habitude de visiter en pleine nuit une sombre ruine. Un anneau d’or y est scellé dans une pierre globuleuse, et la légende prétend que quiconque parviendra à extraire la bague connaîtra richesse et bonheur. Les auteurs prennent ici leur source dans le préraphaélisme: rappel de la peinture des ruines antiques par les maîtres italiens, romantisme des lacs tel que le voyait Waterhouse dans La dame de Shallot, mais aussi référence littéraire au cycle arthurien. Les femmes y sont soit des beautés sulfureuses, soit des anges salvateurs. Les deux complices reprennent les thèmes récurrents de leur oeuvre commune : amitié, différence, voyage initiatique, liens avec la nature, frontière entre rêve et réalité et bien sûr rapport à l’Art ainsi qu’à leur précédent album Anya et Tigre Blanc. (M.-C.D.)
La malédiction de l’anneau d’or
BERNARD Fred, ROCA François