Madone

Dans un port méditerranéen écrasé de soleil, le commandant islandais d’un cargo échoué promène sa mélancolie dans la ville aux monuments croulants. Une tache indélébile macule sa chemise. Madone, jeune mère au lait soudainement tari, s’interroge avec angoisse. Et un garçonnet au langage étonnement mature questionne des adultes mutiques.   Subtile connaisseuse de l’âme humaine et de la mémoire traumatique du passé, une vieille couturière relie le destin de ces personnages qui sont tous en souffrance, marqués par la perte d’un être cher, sa trahison ou son absence. Les fantasmes peuplent leur extrême solitude, leur transfert nourrit le roman dont les acteurs glissent, sans heurt, d’un monde imaginaire à une réalité souvent cruelle. Aux souvenirs d’une vie antérieure blessante succède un quotidien aux contours flous. Qui les délivrera de leurs obsessions ? Bertrand Visage (Intérieur Sud, NB février 2008) instille dans cette histoire au fantastique empli d’émotion et de sensualité une réflexion sur le désir masculin de paternité. Sa belle écriture, où les mystères et les signes se mêlent à l’espérance, invite le lecteur à s’embarquer pour un voyage sensible et envoûtant. (A.C. et B.Bo.)