À l’été 1933, les parents d’Ernst entament leur dernier voyage de commerçants ambulants avant de s’installer à Augsbourg pour y faire enregistrer le bébé à naître. La mère tombe gravement malade et, en l’absence du père, reparti sur les routes, le petit garçon de quatre ans est placé dans un foyer pour enfants et ses petites soeurs dans une pouponnière. Traité de Tzigane, une injure pour les siens, Ernst vit mal l’enfermement, les brimades des grands et finalement se conforme à l’image qu’on lui renvoie : menteur, voleur, asocial – et rêve d’évasion. Il est enfermé dans des établissements de plus en plus rigoureux, puis un hôpital psychiatrique où l’État nazi entasse disgraciés physiques et malades mentaux qui, s’ils ne peuvent travailler, disparaissent dans l’autobus gris qui ne ramène jamais personne. Le travail documentaire s’appuie sur les procès de médecins au cynisme glacial, aux ordres de la politique raciale nazie. Le romancier restitue émotions et angoisses d’un gamin devenu adolescent plein de vie. Sa douleur, exprimée par la sensation d’une piqûre, anticipe son assassinat en août 1944 par une injection létale. L’écriture sobre retrace sans pathos un destin effrayant. À partir de 15 ans. (R.F. et J.G.)
La brume en août
DOMES Robert