Nina offre à Victor, son mari, cartographe, les coordonnées d’un territoire inconnu. Il part l’explorer en compagnie de son chien Nemo. Dans son journal, il s’étonne de ce qu’il découvre : des poissons qui volent, des coraux-montagnes, des algues-arbres. Il mesure, note, cartographie. Mais le sel ronge le papier et les instruments. Peu à peu, Victor abandonne tous ses outils désormais hors d’usage, et observe, contemple au lieu de mesurer. L’autrice oppose, dans cette balade en pays imaginaire, la volonté de contrôle et de quantification, qui met le monde à distance, à l’abandon de toute prétention, qui permet d’apprécier sa beauté. C’est comme un retour aux sources, à l’origine, puisque le monde qu’explore le héros est quasiment marin -l’eau le réenvahira à la fin. Ce voyage initiatique et poétique est porté par les belles illustrations qui, à grands traits de pinceau et de crayon, créent un univers onirique et graphique aux formes rondes, aux harmonies de couleurs subtiles. Plusieurs doubles pages sont muettes, permettant de s’immerger dans cet étrange ailleurs. Une bulle de calme à conseiller aussi aux parents ! (M.D.)
Le nombril du monde
LAVAL Anne