Une succession à Pau dans une villa cossue. Dans la bibliothèque, Laurence, l’héritière, est là avec l’expert chargé d’évaluer les milliers d’ouvrages du grand-père, médecin et bibliophile. D’un livre de Céline dédicacé, tombe une troublante lettre de délation de ce grand-père, écrite en 1942. L’expert et la petite-fille décident de reconstituer ce que recouvre cette lettre, après la découverte d’un jeu de piste littéraire obscur, élaboré par l’aïeul. Commence alors, après la généalogie de l’expert et celle, plus utile, de Laurence, une terrible et sordide histoire de l’Occupation dans une ville de province. L’atmosphère de l’époque renaît, avec profiteurs, délateurs ou fripouilles qui s’accommodent de la présence allemande tandis que la Gestapo traque les juifs et les résistants. La famille de l’héritière se partage les destins tragiques, parfois contradictoires, dominée par la figure odieuse du grand-père. Quelques caractères paraissent excessifs, le style se hasarde maladroitement à des dialogues d’argot et à des images crues, la narration un brin incohérente rappelle certaines particularités comme le langage sifflé. Les faits pourraient être exacts comme le suggèrent l’épigraphe et les documents en annexe. Cela donne de la densité et un intérêt particulier à ce roman qui pourrait réveiller la mémoire de lecteurs béarnais. (M.W. et M.Bo.)
Délation sur ordonnance
PROU Bernard