Dans l’usine à poulets où elle vit parmi une centaine de pondeuses qui finiront comme elle en barquettes sous cellophane, Catherine est une poule dépensière : pour elle, tout est prétexte à achat et sa carte de crédit ne chôme guère, au grand dam de Jean-Claude, le maître à penser de la communauté, moralisateur de vies destinées à l’abattage en série. Catherine n’en a cure : elle entend profiter de sa courte vie jusqu’au bout… Et si ce poulailler industriel nous renvoyait à l’absurde de notre monde ? Catherine oppose au tragique déterminisme de son existence de volaille, un plaisir de vivre futile. Et alors ! Elle sait ce qui l’attend et, la crête haute, s’étourdit jusqu’à plus soif avec une insolente désinvolture. Dans un monde qui ne respecte rien, faudrait-il, pour être sensé, renoncer à ce qui nous reste de liberté ? Le discours est nihiliste, l’humour grinçant mais le cheminement de la pècheresse impénitente tellement drôle. L’allure crâne du volatile ajoute au plaisir de ce texte une touche colorée de fantaisie, dans une mise en page dynamique et pittoresque. (C.B.)
Le livre où la poule meurt à la fin
BLAIS François, BOIVIN Valérie