Spartacus !  73 avant JC dans lâarĂšne de Capoue : le gladiateur conclut un eniĂšme combat victorieux⊠contre un lion, sous la fĂ©rule de son laniste Lentulus. Le hĂ©ros de lâheure raconte la suite : les beuveries, les Ă©bats programmĂ©s avec des prostituĂ©es, bref, le sordide « repos du guerrier », plombĂ© par les retrouvailles avec sa magicienne dâĂ©pouse aux exigences amoureuses hors normes. La suite ? Câest la dĂ©sertion improvisĂ©e, le dĂ©part Ă la tĂȘte dâune troupe de bras cassĂ©s vers un hypothĂ©tique lendemainâŠ.
Le rĂ©cit de cette parodique montĂ©e vers Rome a la verve comique du hĂ©ros rabelaisien ou fellinien de Romain Ternaux. Le romancier opte dĂ©libĂ©rĂ©ment pour une vision iconoclaste de lâHistoire : lâhĂ©roĂŻsme antique magnifiait la brutalitĂ© des corps Ă corps ; dĂ©sacralisĂ© Ă plaisir, il fait place Ă une boucherie grotesque dont lâexcĂšs souvent drĂŽle peut aussi lasser. Lâhistoire romaine, dĂ©poussiĂ©rĂ©e avec Ă©nergie, est celle de la bestialitĂ© des hommes, acteurs contraints de joutes pathĂ©tiques qui dĂ©bordent des limites de lâarĂšne, pour lâabrutissement consenti dâun public en mal dâĂ©motions fortes. Elle Ă©claire avec un humour corrosif la fonction anesthĂ©siante de « nos jeux » et la fabrique contemporaine de hĂ©ros fantoches quâil nâest pas urgent dâadorer. (C.B. et A.M.D)