Au royaume des pions, la couleur prédéterminée ne permet pas d’aller dans les rangs adverses . C’est la main qui choisit le destin de chacun, au prénom identique, Sasha. Leur seule liberté est de se déplacer sur le plateau de jeux. Or, un geste enfantin va bouleverser l’ordre établi dans la belle boîte du jeu d’échecs. Il suffit de cet événement providentiel pour en entraîner d’autres, comme un effet dominos. Un certain dissident décide alors de rompre la monotonie et de tenter sa chance à l’extérieur. Texte à la fois original et exigeant, avec une proposition de réflexion philosophique: faut-il continuer à être un jouet aux mains de quelqu’un ou peut-on tenter de conquérir sa liberté ? Une meilleure complémentarité avec un graphisme ludique et bariolé aurait séduit le lectorat visé. Le parti pris d’une illustration fantastique du XIXe reprend certes l’algorithme noir et blanc d’un jeu d’échecs, mais la fantaisie enfantine aurait pu faire basculer dans la palette des couleurs. D’où un décalage entre texte et image, d’autant que la mise en image est regroupée en fin de livre. (A.-M.R.)
La petite épopée des pions
AUDREN, PHILIPPE Cédric