Écrivain et philosophe, Michel Erman (Le lien d’amitié, une force d’âme, NB avril 2016) analyse la plus fréquente et intense des émotions humaines. Multiforme, la colère est aussi ambivalente. Condamnée par certains philosophes antiques ou classiques qui prônent la raison et le contrôle de soi et par la morale chrétienne du pardon, elle a cependant des aspects positifs. Contrairement à la honte, elle peut être un moteur face à l’injustice et au mépris, et permet de s’affirmer, voire de survivre. Certes il est de violentes colères inspirées par l’égoïsme ou la haine. Mais intrinsèquement cette émotion n’est ni bonne ni mauvaise et la colère est devenue un fait majeur de nos sociétés fortement individualistes ; ainsi la colère populiste, émancipatrice de gauche ou identitaire de droite, qui refuse l’altérité et ambitionne le pouvoir. Mais face à la haine terroriste, elle se révèle inopérante. Solidement étayé par de nombreuses références philosophiques et littéraires, cet essai est clair et instructif. (L.G. et M.M.)
Au bout de la colère : réflexion sur une émotion contemporaine
ERMAN Michel