Une nuit, Michèle s’envole. Puis une autre nuit, et encore une autre. Au début les atterrissages sont périlleux, brutaux. Mais de plus en plus à l’aise, elle se perfectionne. Bientôt, elle ne peut plus cacher aux autres ce curieux don qui devient encombrant dans la vie de tous les jours et dans son couple. À moins d’en faire une performance, un spectacle ? Peu importe que l’on croie ou non à la douce folie de l’histoire que raconte Michèle Astrud. Sa poésie légère fait voyager entre nature et ville, observer de haut des paysages nocturnes insoupçonnés. On se laisse porter par la grande sensibilité de l’évocation du pouvoir extraordinaire de l’héroïne. C’est presque à regret que l’on pressent une explication possible au mystère, dans la nostalgie des souvenirs de l’enfance, de la liberté et des rêves perdus. Cela nuit un peu à la cohérence de ce joli roman qui hésite entre la fantaisie euphorique d’un rêve réalisé (le meilleur), et l’analyse du mal-être existentiel engendré par la morosité du quotidien, la dureté de la vie professionnelle ou artistique (plus convenue). À la fois fable philosophique et parabole intime. (T.R. et C.B.)
La nuit je vole
ASTRUD Michèle