Certains marranes, ces Juifs espagnols convertis par l’Inquisition en 1492, continuent en secret à pratiquer leur culte originel. Au XVIIe siècle, à Séville, Juan de Figueras se sent attiré par la prêtrise : son père l’envoie à Valence dans un couvent minable. Affamé, stigmatisé, il y apprend les mille manières, illicites, d’une survie chèrement payée. Mais il est renvoyé et part à l’aventure. Situations à haut risque, hasards miraculeux exploités par le fort caractère du héros illustrent ses aventures à travers l’Espagne. Style et rythme des romans picaresques sont utilisés par Jean-Pierre Gattégno (Le Seigneur de la route, NB mars 2012) dans cette parodie de romans épiques où se dessinent les ombres de Don Quichotte, de Ruy Blas ou du Cid et d’autres encore. Mais les rencontres ordinaires offrent une vision très noire de l’humanité. D’une écriture rapide et colorée, le romancier dénonce les maux de l’époque, les bassesses de l’âme, les illusions de la foi, et blasphème avec enthousiasme. Pour Juan, que signifie son retour à Séville ? La fin de l’errance, la certitude de son identité ? Il livre à son écritoire le long récit de son parcours initiatique deviné entre les lignes de ce fougueux conte immoral. (A.C. et B.T.)
Les aventures de l’infortuné marrane Juan de Figueras
GATTÉGNO Jean-Pierre