Changer l’eau des fleurs

Dans une autre vie, Violette fut garde-barrière ; désormais elle veille sur des voisins silencieux et réconforte les familles affligées. Étrangement, en gardant le cimetière et en soignant le potager, elle a retrouvé un peu de sérénité après la mort de sa fille. Cette vie tranquille est perturbée par l’arrivée d’un homme qui souhaite faire reposer les cendres de sa mère près de son amant. Des liens se nouent, des secrets se révèlent.  Comme dans son premier roman (Les oubliés du dimanche, NB septembre 2015), l’auteur manifeste une infinie empathie pour ses héroïnes. Cette femme simple, courageuse et aimante, raconte sans amertume une vie laborieuse, des chagrins mais aussi des bonheurs fulgurants : un beau mari dont elle accepte fainéantise et infidélités, des beaux-parents méprisants, la disparition de leur fille. D’une plume qui embellit le quotidien, l’auteur transforme avec tendresse en cadre enchanteur ce « dernier jardin » peuplé d’un petit monde bienveillant. En de courts chapitres, elle entrelace les destins oubliés, souvenirs d’amoureux éperdus dormant paisiblement et désarroi de parents confrontés à une mort inexpliquée, insupportable. Le roman glisse habilement du romanesque vers le tragique, et révélations, mensonges et trahisons prolongent le mystère d’une histoire où s’entremêlent doucement larmes et sourires. (M.R. et A.Le.)