Les guerres de mon père

SCHNECK Colombe

Il était aimable, aimant, confiant, le chaînon optimiste d’une généalogie pourtant meurtrie d’exils, de drames et de silences. Solaire, mais comme secrètement voilé. Colombe Schneck (Dix-sept ans, NB avril 2015) s’interroge sur cet homme, son père tant chéri. Enfant traqué par les nazis, adolescent orphelin d’un père homosexuel assassiné, médecin confronté aux cruautés de la guerre d’Algérie, par politesse, peur, honte ou pudeur, il s’attache à occulter le tragique, à ne créer que des souvenirs heureux.   La narratrice s’appuie sur des bases plutôt minces, celles de la mémoire sélective des proches, celles des dits et non-dits d’instances administratives médiocrement contributives. Sa vision manichéenne évolue au fil des pages. Le mal n’est plus le seul nazisme ciblé dans une longue litanie vindicative ou reconnaissante de noms livrés au tableau d’infamie ou à la fresque d’honneur. La frontière avec le bien apparaît plus subtilement poreuse. C’est un bémol apaisant pour l’auteure de cette fouille du mystère de l’envers des choses, parfois pesante et trop décousue, toujours filialement fervente. (C.R.P. et C.D.)