« Longtemps, j’ai cru que j’avais été guillotiné dans une vie antérieure ». À six ans, Christophe Bigot (Le bouffon de la montagne, NB avril 2015) regarde le feuilleton Le Chevalier de Maison-Rouge d’après Alexandre Dumas. Stupeur, il y voit « sa » guillotine, la reconnaît. C’est parti pour la vie, elle l’obsèdera toujours : cinéma, histoire et littérature alimentent une véritable phobie. Lorsqu’il parle de lui, il parle d’elle. Dès l’enfance, la Révolution le hante, de façon névrotique ; il la vit, la met en scène, persuadé d’être une réincarnation de Camille Desmoulins. Il met la peine capitale au centre de ses réflexions, de ses réminiscences littéraires, de son parcours politique et familial ; tout ce qui entoure l’exécution de Ranucci l’écoeure. Il est comme cela, Christophe Bigot, il ressent et il raconte. Il y a un côté romanesque dans son regard – aiguisé – sur le monde. C’est l’attrait de cet auto-portrait, talentueux, drôle dans l’autodérision mais parfois pesant dans sa dimension psychiatrique. (V.M. et A.Be.)
Autoportrait à la guillotine
BIGOT Christophe