Vers la catastrophe russe : lettres de Petrograd au journal « L’Humanité ». Octobre 1917 – février 1918

KRITCHEVSKI Boris

Russe, socialiste engagé, émigré en France à la fin du XIXe siècle, Boris Kritchevski (1866-1919) devient journaliste à L’Humanité qui l’envoie tout naturellement couvrir les événements de Petrograd de 1917. Dans dix-sept lettres envoyées à son journal, dont une partie seulement est publiée à l’époque, il annonce et dénonce, avec force et application, le coup d’État dictatorial bolchevique de Lénine et Trotski en novembre 2017. Il l’explique notamment par les luttes internes entre les socialistes, la lassitude du peuple russe réclamant du pain et la paix, le recours permanent à la force militaire, composée d’incultes et d’ivrognes, qui ont permis aux deux tyrans de se livrer à des manoeuvres indignes et pires que celles du temps des tsars, allant de l’expulsion de l’Assemblée constituante à l’élimination physique. La relation de l’avènement de cette « monstruosité » sera intégralement publiée en 1919, puis « oubliée », sans doute pour ne pas doucher l’enthousiasme que les tenants du bolchevisme connaîtront en France, comme le pressentait l’auteur, prophétique. (P.B. et E.B.)