Le format « à l’allemande » et les dominantes bleues et ocres de cet album étonnant entraînent loin dans le temps et l’espace, en référence aux carnets de voyage des peintres japonais du XIXe siècle, en particulier Hiroshige auquel Nicolas Jolivot dédie son ouvrage. Avec son sac à dos, surnommé Wilson, et son carnet de croquis qui ne le quittent pas, il entame un long périple à pied, sur l’île de Kyushu, pour atteindre le sommet du mont Aso, l’un des plus hauts volcans du monde. Une météo pourrie, le sommet du volcan perdu dans une brume épaisse, et interdit aux touristes comme d’autres sites ébranlés par un tremblement de terre, contrarient son projet ; il entreprend alors, à pied ou en train, le tour des trois volcans majeurs de l’île : Aso, Sarkurajima, Unzen. Son allure de Français baroudeur dénote dans le décor lissé des conventions japonaises, mais l’hospitalité de certains l’impressionne et le réconforte de ses déboires. Sa démarche ne se limite pas à l’hommage au maître du XIXe siècle. Certes, nombre de détails de l’image, l’emploi de la gravure, les splendides vues panoramiques, la stylisation de silhouettes fugitives, les tampons et les idéogrammes parsemés sur les pages évoquent les oeuvres anciennes. Mais à travers les nombreuses scènes du quotidien, les décors captés au coin de rues, l’artiste-voyageur excelle à transmettre l’âme d’un pays et d’un peuple moderne stoïque face à des conditions de vie hors-normes. (M.T.)
Japon. À pied sous les volcans
JOLIVOT Nicolas