Viens, Émile, on rentre à la maison !

TRAXLER Hans

Martha est pauvre et vit seule sur l’alpage avec Émile, son cochon ; les hivers sont rudes tandis que tout près, au village, c’est l’abondance. Pauvre Émile dont le destin semble tracé : Martha le conduit à l’abattoir avec l’énergie de la faim, lui tire sur sa corde avec l’énergie du désespoir. Mais devant l’entrée du sinistre bâtiment, elle fait demi-tour…  

Rien de tragique dans cette histoire de misère bucolique plutôt drôle, car personne n’y fait de sentiment : ni la pauvre vieille prête à sacrifier son compagnon jusqu’à cet instant plein de suspense où la vue de l’abattoir stoppe son élan meurtrier ; ni les villageois qui vont lui apporter des vivres de crainte de devoir financer son placement en maison de retraite ! Ainsi va la vie, ni trop noire, ni trop belle. Sans pathos. Ce qui se joue ici relève moins de l’égoïsme que du bon sens. Une scénographie charmante permet de suivre les étapes de cette « tragédie » évitée : la nature est paisible, le coup de crayon, bleuté et vert tendre, agrémente le décor de petits détails qui pimentent la narration. (C.B.)