Il faut être fou pour rebâtir inlassablement sa maison que les vagues emportent régulièrement. Apollon est la risée d’un petit village au bord de la mer. Pourtant il était le pêcheur qui rapportait les plus gros filets de poissons, protégé par Ayida, l‘épouse d’Agwé, dieu de la mer. Mais cette manne éveilla les jalousies et le grand sorcier cria vengeance. C’est alors qu’Agwé en colère se déchaîna et inonda la maison de son rival. Cette histoire, Apollon la raconte à un agronome venu s’installer un soir au bar pour prendre un verre. Elle est inspirée d’une nouvelle de l’écrivain Haïtien Gary Victor. Les légendes locales sont présentes, les dieux permettant de pousser à leur paroxysme les passions humaines, ici la jalousie devant la réussite, et à donner force au récit. La gravure fait ressortir la peau des indigènes et les couleurs vives de leurs vêtements. Cette vivacité contraste avec les bleus et les verts du monde marin. Cheveux hirsutes et longue barbe, doigts et orteils gigantesques, membres désarticulés, le pauvre pêcheur est montré dans toute sa folie par rapport à l’homme qu’il avait été. C’est remarquablement fait et impressionnant. (A.-M.R.)
La disgrâce d’Apollon
DELABRE Céline, BOUQUET Sylvestre