C’est à un magnifique voyage littéraire que nous convie Sylvain Tesson : se laisser porter par deux poèmes épiques exceptionnels, l’Iliade et l’Odyssée. Il recourt abondamment à des citations qu’il fait figurer en bleu, extraites des traductions remarquables du poète Philippe Jaccottet pour l’Odyssée et de Philippe Brunet pour l’Iliade. L’auteur célèbre l’héroïsme grec et éclaire la réflexion homérique sur la guerre, l’hybris et ses ravages, tout en nous invitant à goûter la « beauté pure » de ces chants. L’essayiste livre une réflexion désenchantée sur notre époque et aime jouer avec les paradoxes, mais il est permis de ne pas le suivre quand il nous invite à ne plus lire la presse. Sylvain Tesson (Sur les chemins noirs, NB décembre 2016) admire l’aristocratisme grec et dit sa détestation du progrès moderne et du « hideux principe de l’égalité » et de l’égalitarisme. Les scènes intimistes les plus célèbres, qu’il juge souvent vaudevillesques, ne trouvent pas grâce à ses yeux. Si le génie d’Ulysse est encensé, l’auteur condamne, en revanche, Achille, sans saluer les larmes de ce héros, ami sincère de Patrocle. On aurait aimé que Sylvain Tesson signale l’ouverture d’esprit d’un aède grec qui chante l’humanité des héros troyens. Un essai souvent brillant mais qui peut agacer. (A.K. et A.-M.D.)
Un été avec Homère
TESSON Sylvain