Un parc à New York : Alice, toute jeune assistante d’édition, est distraite de sa lecture par un homme âgé. Elle le reconnaît, c’est Erza Blazer, l’immense écrivain nobélisable. Débute une liaison sensuelle, affective, cérébrale, questionneuse, hésitante. Improbable… Un aéroport à Londres au déclin des frappes sur Bagdad : Amar, irako-américain, thésard en économie, rend visite à sa famille en Irak. Il est retenu, longuement interrogé. Son enfance irakienne, sa jeunesse américaine se bousculent, l’assaillent. Sa double appartenance phagocyte sa mémoire. On reste saisi par la maturité, l’élégance et l’intelligence de ce livre. Américaine, Lisa Halliday, après dix ans dans l’agence littéraire Wylie à New York, est éditrice traductrice à Milan. Les deux parties dominantes de son livre, pourtant sans lien apparent, s’imbriquent et s’éclairent mutuellement. La deuxième élargit habilement le thème intimiste du mentor en amour de la première – un peu autobiographique – à une réflexion affûtée sur l’asymétrie inégalitaire des rapports de force dans certaines relations géopolitiques. Des situations puissantes, des dialogues naturels et marquants, dans lesquels les protagonistes, humains, érudits, pleins de charme, citent Joyce, Camus, Miller, Mandelstam ou encore Dvorak, Albeniz, Debussy… Premier roman, coup de maître. (C.R.P.)
Asymétrie
HALLIDAY Lisa