Un homme quitte sa maison, jette la clé dans le jardin. Las de son existence terne, il part pour l’autre côté de la mer, découvrir le monde et mener une existence extraordinaire. La tête pleine d’images nées de ses lectures, rêvant de déserts et de rencontres magiques, il marche vers la gare dans le matin frais et brumeux. Mais le désert, ce sera celui de cette rue calme, et la rencontre d’une femme brune lourdement chargée, qui lui tend un papier délavé. Et l’extraordinaire sera l’acte qu’il décide d’accomplir : accueillir cette femme chez lui. Il est un peu ridicule, cet homme avec ses rêveries désuètes nourries de poètes du XIXe ou du Petit Prince. La femme qu’il rencontre, bien réelle, a dans les yeux des images de guerre et de voyage contraint et forcé. Mais le rêve a du bon, qui permet à l’homme de sortir de la routine de ses réactions habituelles. Parce qu’il était prêt pour une nouvelle vie, il a su être attentif à cette femme, à sa détresse. Ce court roman tout en poésie et sensibilité suggère que le grand voyage actuel n’est pas de découvrir des pays qui n’ont plus rien de paradisiaques, mais plutôt son coeur. Une évocation subtile et émouvante des migrants. (M.D. et C.G.)
L’homme clé
HOESTLANDT Jo