Le téléphone cisaille la nuit de décembre 2013 à Tokyo où il enseigne la littérature : la voix au bout du fil est blanche. Elle lui annonce la mort brutale, à quarante-sept ans, de François et de sa fille, emportés par une vague dans une île des Canaries. Lui, c’est l’auteur. François, homme de cinéma et de radio était réalisateur à France Culture. Ils étaient amis depuis les classes préparatoires à l’ENS. Michaël Ferrier, après Mémoires d’outre-mer (NB novembre 2015), se penche sur cette absence. Il fait revivre une amitié à l’évidence claire et pourtant inexplicable. Il scrute le parcours de cet homme érudit, entre intransigeance et atermoiement, fédérateur et magnétique, applaudi ou conspué comme posté à la « fenêtre » du monde. Il ressuscite ses mimiques physiques, ses postures mentales, ses productions, ses préférences musicales, ses recherches. Une évocation du mystère de l’amitié, avec des mots justes empreints d’émotion, ponctuée de références littéraires, ni hagiographie ni biographie. (C.R.P. et M.-N.P.)
François, portrait d’un absent
FERRIER Michaël