Une histoire très en retard

L’album s’ouvre sur une page blanche avant que cinq personnages surgissent à la page suivante. Ces derniers s’interrogent sur l’absence d’histoire dont ils présument être les héros et décident de guetter son arrivée potentielle. L’un d’entre eux se lasse et commence à jouer seul, en crayonnant sur la page de gauche qu’il occupe. Le monde qu’il créé s’étale progressivement sur la page de droite et prend contact avec les personnages qui patientent. Une cigogne livre enfin l’histoire tant attendue : un album dont la couverture est celle de l’ouvrage entre nos mains.   Un ouvrage épuré dont l’histoire ne démarre pas là où les personnages et le lecteur le supposent. Elle ne se révèle pas par les mots mais par les dessins qui envahissent peu à peu les pages. Ce beau livre se développe comme une invitation à découvrir comment une histoire se crée autour d’un simple trait de dessin. Le ton chromatique acidulé et les personnages à l’apparence de peluches rendent la lecture d’autant plus agréable et enveloppante. Un album astucieux construit sur une mise en abyme ludique, célébrant le geste créatif et l’imagination. (P.E.)