Derrière un arbre avance la silhouette identifiable d’un chasseur, fusil cassé sur le bras. Un busard l’observe dans sa progression silencieuse. Alors que le cerf s’abreuve, il est survolé par le rapace semblant fuir un danger. Cartouchière et fusil hors de l’eau, le chasseur traverse la rivière derrière sa proie. Il épaule quand il voit le cervidé regagner l’autre rive, mais c’est le rapace à l’oeil perçant qui tombe sous le tir. Dans le silence de la forêt, l’homme n’est pas au bout de ses surprises. L’objet de la traque s’affiche sur la couverture. Des tons allant des ocres aux dégradés de bruns situent une scène automnale. La palette des verts offre la lumière. Quelques touches blanches rehaussent le huis clos en forêt. Sara nous invite à une histoire sans parole, limpide par la simple magie de ses papiers déchirés. Elle sait exprimer la sensibilité, l’instinct de vie ou de mort, par ce travail magistral qui peut s’exonérer du texte. D’épais papiers dévoilent l’âme plus claire de la feuille en donnant du relief, lui-même accentué par les superpositions et rabats. (M.-C.D.)
La traque
SARA