Valentine, rĂ©fugiĂ©e Ă Montevideo en 1909, ouvre le cahier vert quâelle tient depuis des dĂ©cennies et se souvient de ses annĂ©es de jeunesse et de ses belles amies. En 1850, lâĂ©poque est trouble et le travail rare Ă Saint-Imier oĂč lâisolement de lâhiver favorise les petits ateliers dâhorlogerie. Elles sont dix jeunes femmes contestataires, sĂ©duites par les thĂšses anarchistes qui se rĂ©pandent en Europe. RĂ©alisant leur rĂȘve dâindĂ©pendance, elles Ă©migrent en AmĂ©rique du Sud avec une montre en or pour seul pĂ©cule.  Refuge de paix, le Jura Suisse a aussi accueilli les anarchistes du XIXe siĂšcle. Câest sur cette page dâhistoire mĂ©connue que Daniel de Roulet (Tous les lointains sont bleus, NB octobre 2015) fonde lâaventure de ses hĂ©roĂŻnes. Il restitue lâambiance de la petite vallĂ©e, les hivers enneigĂ©s, la pauvretĂ©, les discours libertaires et lâespoir de nouveaux horizons. De la Suisse Ă lâinhospitaliĂšre Patagonie, de la douce Ăźle de Juan Fernandez Ă Buenos Aires, ces femmes indĂ©fectiblement solidaires et animĂ©es de farouches convictions supportent les pĂ©rils de lâexil et surmontent les difficultĂ©s dâinstallations. En hommage, le romancier consacre un chapitre Ă la personnalitĂ© de chacune dâelles et livre un regard chaleureux sur le courage que requiert toute immigration. (M.R. et M.Bo.)
Dix petites anarchistes
ROULET Daniel de