Les bancs de morue ont disparu des eaux de Terre Neuve ; la pĂȘche sây meurt inexorablement et, sur lâĂźle oĂč vivent Finn, sa soeur Cora et leurs parents, les maisons se vident une Ă une. Chacun se rĂ©sout Ă aller gagner sa vie ailleurs. Ă moins, comme le pense Finn du haut de ses onze ans, quâon puisse faire revenir les poissonsâŠÂ   Pour dĂ©crire cette tragĂ©die banale et dire la nostalgie dâun monde en train de disparaĂźtre, Emma Hooper choisit la poĂ©sie. Douceur et tendresse illuminent la crĂ©ation, tout en pudeur, de personnages trĂšs diffĂ©rents et dâemblĂ©e attachants. Le rĂ©cit qui les porte alterne, sans prĂ©venir, sĂ©quences passĂ©es et moments prĂ©sents, rĂ©alisme des adultes et projet solaire dâun enfant. Quand la rĂ©alitĂ© se dĂ©robe, lâimagination prend le relais, Ă©toffant lâhistoire de trouvailles dĂ©licieuses ! Des chapitres longs ou courts, trĂšs courts mĂȘme, structurent la dynamique du texte. Des bribes de dialogue direct insĂ©rĂ©es dans la continuitĂ© de la narration lui donnent la scansion dâun long poĂšme en prose. La musique enfin, ciment de cette communautĂ© condamnĂ©e Ă la dispersion, irrigue le roman dâĂ©chos de mĂ©lopĂ©es anciennes jusque dans le choral de la derniĂšre page. (C.R.-G. et C.B.)
Les chants du large
HOOPER Emma